
Flexibilité ou sécurité de l’emploi : faut-il nécessairement choisir ? Cette dualité constitue un enjeu majeur du marché du travail français. Dans cette quête d’équilibre, le portage salarial en France pourrait bien être une solution innovante, offrant une alternative aux modèles traditionnels d’emploi. Décryptage d’un dispositif en pleine expansion, qui redéfinit les contours du travail indépendant tout en garantissant une protection sociale.
Un modèle hybride en plein essor
Le marché du travail en France est confronté à un défi de taille : concilier la compétitivité des entreprises avec la protection des travailleurs. En 2023, selon ABC Portage, le nombre de salariés portés atteignait 200 000, avec un chiffre d’affaires en progression de 20 % par an. Ces chiffres illustrent l’intérêt croissant pour ce modèle qui permet aux professionnels autonomes de conserver la sécurité du statut salarié tout en exerçant en tant qu’indépendants.
Le portage salarial séduit de plus en plus d’entreprises grâce à sa souplesse. Il simplifie les démarches administratives et facilite l’accès à des compétences externes spécialisées. Pour les travailleurs, ce dispositif combine les avantages du salariat, notamment l’accès à l’assurance chômage et à la couverture sociale, avec l’indépendance d’un entrepreneur. Une dynamique qui se reflète dans l’essor du secteur : son chiffre d’affaires est passé de 1,25 milliard d’euros en 2020 à 2,4 milliards en 2024. Cette progression témoigne d’un besoin croissant de flexibilité, tant du côté des employeurs que des professionnels.
La compétitivité française face aux défis structurels
La compétitivité repose sur la capacité des entreprises à performer économiquement et à s’adapter aux évolutions du marché mondial. Or, en France, plusieurs freins structurels entravent cette dynamique.
D’une part, la rigidité des contrats de travail traditionnels (CDI et CDD) limite l’agilité des entreprises en matière de gestion des ressources humaines. La France est d’ailleurs classée parmi les pays les plus contraignants de l’OCDE en matière de réglementation des CDD. Bien que le CDI assure une protection aux salariés – représentant 73 % des emplois – il peut freiner la réactivité économique des entreprises.
D’autre part, le coût du travail en France, alourdi par des charges sociales élevées, réduit la capacité d’investissement des entreprises et limite leur compétitivité. À cela s’ajoute une fiscalité complexe, qui freine les initiatives et incite certaines entreprises à externaliser leurs activités à l’étranger, au détriment de l’économie nationale.
Le portage salarial : une réponse durable aux besoins du marché ?
Avec une croissance constante, le portage salarial s’impose progressivement comme une solution pour concilier flexibilité et sécurité dans l’emploi. Toutefois, pour maximiser son potentiel, plusieurs leviers peuvent encore être actionnés.
Ce modèle, bien qu’en plein essor, reste méconnu d’une partie des entreprises, en particulier des TPE et PME, qui pourraient pourtant en tirer profit. Une meilleure communication sur ses atouts permettrait d’éclairer les travailleurs indépendants et les employeurs sur ses bénéfices par rapport au statut de freelance ou au salariat classique.
Sur le plan réglementaire, les avancées récentes ont permis d’encadrer et de sécuriser le dispositif. Néanmoins, une adaptation supplémentaire du cadre juridique pourrait encourager une adoption plus large, en offrant encore plus de souplesse aux entreprises et aux professionnels concernés.
Le portage salarial s’impose ainsi comme une solution d’avenir, capable de réconcilier compétitivité économique et protection sociale. Peut-il devenir l’un des piliers d’un nouveau modèle d’emploi, où flexibilité et sécurité ne seraient plus opposées mais complémentaires ?
Source : BFM Pratique