Le portage salarial séduit de plus en plus de professionnels indépendants, notamment pour la sécurité qu’il offre tout en préservant la liberté d’action.
Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’obtenir un crédit immobilier ?
Les salariés portés bénéficient-ils des mêmes conditions que les salariés classiques ?
Alors que 90 % des prêts immobiliers en France sont accordés à des salariés en CDI, cette préférence reflète-t-elle une réelle différence de stabilité, ou plutôt une méconnaissance du statut hybride qu’est le portage salarial ?
Dans cet article, nous comparons les deux statuts à la lumière des critères utilisés par les banques et des pratiques actuelles du marché.
Le portage salarial face au salariat classique : un statut hybride mais solide
Le portage salarial combine la protection sociale du salariat et l’autonomie professionnelle du travail indépendant.
Le consultant porté dispose d’un contrat de travail avec une société de portage (CDI ou CDD), cotise à la Sécurité sociale, à la retraite, et bénéficie d’une fiche de paie mensuelle. En parallèle, il gère lui-même ses clients, ses missions et son chiffre d’affaires.
Ce positionnement hybride, souvent mal compris, peut parfois dérouter les établissements bancaires. Cependant, contrairement à l’auto-entrepreneur qui doit justifier plusieurs années d’activité stable avant d’obtenir un prêt, le salarié porté peut présenter un dossier solide dès la fin de sa période d’essai, à condition de démontrer une activité régulière et des revenus stables.
En pratique, les banques ne s’arrêtent pas au statut : elles évaluent la stabilité des revenus, la capacité d’épargne et l’ancienneté dans l’activité. Sur ces points, le portage salarial n’a rien à envier au salariat classique.
Des revenus mensuels réguliers : un critère clé pour les banques
Le principal atout du salariat classique reste la régularité du salaire. Les revenus fixes rassurent les banquiers, qui apprécient la prévisibilité des flux financiers.
Mais le salarié porté dispose d’un avantage similaire grâce au mécanisme du lissage salarial. Ce système permet à la société de portage de répartir les revenus issus des missions sur plusieurs mois, assurant un versement stable et constant, même en cas de variations d’activité.
Ainsi, un consultant porté peut présenter à sa banque un historique de revenus comparable à celui d’un salarié en CDI.
Cette stabilité, bien expliquée et documentée, constitue un argument fort lors de la constitution d’un dossier de prêt.
De plus, cette flexibilité donne au salarié porté la possibilité d’ajuster ses revenus déclarés en fonction de son projet immobilier, en optimisant son plan de facturation.
Le montant des revenus : un potentiel souvent supérieur
Là où le portage salarial se distingue clairement, c’est sur le niveau des rémunérations.
Un salarié classique évolue dans une grille salariale fixe, avec des augmentations modestes et encadrées.
Le salarié porté, lui, fixe son taux journalier moyen (TJM) selon son expertise et la valeur ajoutée qu’il apporte à ses clients.
Cette liberté tarifaire se traduit souvent par des revenus supérieurs à la moyenne, particulièrement dans les métiers du conseil, de la tech ou du management de transition.
Pour un banquier, un dossier avec des revenus élevés, stables et bien justifiés inspire confiance, même si le statut est atypique.
Un consultant porté expérimenté, capable de démontrer une activité régulière et des contrats récurrents, peut donc obtenir un emprunt immobilier dans les mêmes conditions qu’un salarié classique, voire parfois avec un meilleur taux d’endettement.
Formation continue et employabilité : un signal positif pour les banques
Autre différence notable : la formation professionnelle.
Le salarié classique dépend des politiques internes de son entreprise, souvent inégales selon les secteurs.
Le salarié porté, lui, bénéficie de formations continues proposées par sa société de portage, qu’il peut mobiliser selon ses besoins.
Cette montée en compétences permanente renforce son employabilité et donc la pérennité de ses revenus.
Pour les établissements bancaires, un profil qui investit dans sa formation représente une garantie de stabilité et une meilleure capacité à rebondir en cas de baisse d’activité.
De plus, l’augmentation progressive du TJM grâce à la spécialisation ou la certification renforce la solidité du dossier d’emprunt.
Le CDI en portage salarial : la clé de l’équivalence bancaire
Le principal argument du portage salarial face au salariat classique réside dans le contrat à durée indéterminée (CDI) que le consultant peut signer avec sa société de portage.
Ce CDI a la même valeur juridique qu’un CDI traditionnel.
Pour la banque, un CDI reste un contrat stable et rassurant, quelle que soit sa spécificité.
Ainsi, les salariés portés en CDI bénéficient des mêmes conditions d’analyse de solvabilité et d’accès au crédit que les salariés d’entreprise.
À l’inverse, un CDD en portage salarial reste perçu comme un contrat temporaire, ce qui peut limiter le montant de l’emprunt ou imposer un taux d’intérêt plus élevé.
Les établissements bancaires spécialisés dans les professions libérales ou atypiques commencent à intégrer ces nuances, en adaptant leurs critères au fonctionnement du portage.
Une reconnaissance progressive du statut par les banques
Les mentalités évoluent : les banques les plus agiles développent désormais des grilles d’analyse dédiées au portage salarial, reconnaissant ses atouts économiques.
Certaines, comme le Crédit Agricole ou le CIC, ont déjà formalisé des procédures spécifiques pour les consultants portés, tenant compte du CDI, des bulletins de salaire et des contrats clients.
De plus, des banques spécialisées dans l’accompagnement des travailleurs indépendants et des freelances proposent désormais des offres dédiées au portage salarial.
Cette ouverture reflète la maturation du marché et l’intégration croissante du portage dans le paysage professionnel français.
Conclusion : Crédit immobilier : salarié porté vs salarié classique
Le salarié porté bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance croissante dans le monde bancaire.
Grâce à la stabilité de ses revenus, à la sécurité de son contrat et à la montée en puissance du modèle de portage salarial, il peut accéder à un crédit immobilier dans des conditions équivalentes — voire parfois meilleures — que celles d’un salarié classique.
Pour maximiser ses chances, il est essentiel de présenter un dossier clair, incluant bulletins de salaire, attestations de mission et justificatifs de revenus lissés.
Les courtiers et sociétés de portage peuvent accompagner efficacement les consultants dans cette démarche, garantissant une présentation optimale aux établissements financiers.
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